Présentation

 

Aujourd’hui existe un constat partagé par les différents acteurs économiques et politiques que l’industrie européenne souffre d’un important déficit de compétitivité face à ses deux plus importants compétiteurs, la Chine et les Etats-Unis.  Le 20 février dernier, 73 dirigeants d’entreprises européennes de presque 20 secteurs industriels ont alerté les institutions européennes sur le sujet et demandé la mise en place d’un « Pacte Industriel Européen » (https://antwerp-declaration.eu). L’European Round of Industrialists (ERT), pour sa part, a appelé dans son dernier rapport sur la Compétitivité et l’Industrie à reconstruire de manière urgente le « business case » de l’Europe pour éviter la faillite de ses entreprises.  Enfin, l’ancien Premier Ministre italien Enrico Letta, en charge de la rédaction du rapport sur l’avenir du marché unique a récemment alerté, quant à lui, sur le décrochage croissant de l’Europe par rapport aux Etats-Unis. Tous les signaux sont effet au rouge : l’Union Européenne est à la traîne dans la course au contrôle de technologies critiques, comme l'informatique quantique, l'intelligence artificielle et la biotechnologie. Elle est dépendante des importations de matières premières et produits essentiels pour la double transition digitale et environnementale, comme le lithium et les semiconducteurs. Elle est également très sensible aux fluctuations du marché énergétique mondial, notamment des prix du gaz naturel liquéfié (GNL) américain, en raison de l’augmentation des importations de ce produit depuis 2022. Son prix élevé et sa forte volatilité peut avoir un impact important sur le processus de transition environnementale des entreprises européennes. Enfin, l’industrie européenne souffre d’un important déficit d’investissement en faveur de la transition digitale et environnementale. 

 

Cette menace de déclin industriel de l’Europe devrait obliger les gouvernements nationaux et la Commission européenne à prendre des mesures fortes dans les mois qui viennent pour enrayer cette dynamique. Dans le contexte actuel de concurrence géoéconomique entre les principales puissances industrielles marqué par le renouveau de l’interventionnisme étatique et la recrudescence du protectionnisme commercial, le contexte de volatilité des prix de l’énergie, mais aussi les menaces actuelles pour la sécurité de l’Europe, la question se pose quant à la poursuite de la stratégie traditionnelle de l’Union Européenne en matière de politique industrielle. 

 

Doit-elle se focaliser sur l’approfondissement du marché unique et continuer de laisser aux Etats membres les compétences principales en matière de politique industrielle et de coordination des investissements ?  Comment mettre en place une telle stratégie dans un contexte d’hétérogénéité des situations industrielles européennes et de concurrence entre politiques industrielles nationales ? La Commission doit-elle continuer à promouvoir une politique commerciale « ouverte » en faveur des investissements étrangers et de libéralisation des marchés extérieurs ou adopter des mesures plus protectionnistes pour permettre d’atteindre une vraie autonomie stratégique ?  Doit-elle envisager l’instauration de nouveaux instruments financiers ? Doit-elle réformer ses règles en matière de droit de concurrence pour renforcer son industrie ? Doit-elle changer de stratégie en matière de transition environnementale pour renforcer la compétitivité des entreprises européennes ? Toutes ces questions sont au cœur des discussions !

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Résumé

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• État des lieux : Nous avons examiné les défis actuels de l'industrie européenne, y compris la faible attractivité des investissements, la pression des importations chinoises et la dépendance extérieure en matières premières.

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• Évolution des politiques : Des politiques horizontales des années 80 aux réformes récentes de la Commission Von der Leyen, nous avons retracé l'évolution des politiques industrielles de l'UE.

 

• Décarbonation : Un focus sur la décarbonation des industries lourdes en Europe, avec des perspectives sur les différentes trajectoires pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.

 

• Solutions proposées : De la réciprocité commerciale au renforcement de la planification industrielle, nous avons exploré des propositions pour surmonter les défis structurels.